24 Kasım 2012 Cumartesi

Que Font Les Artistes Modernes? - Jean Baudrillard


Mais si on y réfléchit bien, que font les artistes modernes de toute façon? Est-ce que tout comme les artistes de la Renaissance pensaient faire de la peinture religieuse et peignaient en fait des œuvres d’art, nos artistes modernes qui pensent produire des œuvres d’art, ne font pas tout autre chose? Est-ce que les objets qu’ils produisent ne sont pas tout autre chose que l’art? Des objets-fétiches par exemple, mais des fétiches désenchantés, des objets purement décoratifs á l’usage temporel (Roger Caillois dirait, des ornements hyperboliques). Des objets littéralement superstitieux au sens où ils ne relèvent plus d’une nature sublime de l’art et ne répondent pas moins l’idée et la superstition de l’art sous toutes ses formes. Des fétiches donc, de même inspirations que le fétichisme sexuel, qui lui aussi est sexuellement indifférent : en constituant son objet en fétiche, il dénie á la fois la réalité du sexe (qui, elle, bien sûr, est asexuée). De la même façon, nous ne croyons plus en l’art, mais seulement en l’idée de l’art (qui elle-même, bien sûr, n’a rien d’esthétique.)

What is it that modern artists do?
"If you really think about it, what is it that modern artists do? Like the Renaissance artists who thought they were painting religious pictures but in fact were making works of art, are our modern artists, who think they are making works of art, actually doing something else? Are the objects they produce not perhaps something else entirely? Like fetish objects, for example? – Demystified fetishes, though, purely decorative objects for secular use (Roger Caillois might say 'hyperbolic ornaments'). Objects of superstition in the literal sense that they no longer depend upon the sublime nature of art and no longer correspond to a profound belief in art, yet continue nevertheless to perpetuate the idea, the superstition of art in all its forms. Fetishes, therefore, of the same inspiration as sexual fetishism, which is itself sexually neutral: by making its object a fetish, it simultaneously denies the reality of sex and of sexual pleasure. It does not believe in sex: it believes only in the idea of sex (which in itself is, of course, asexual). In the same fashion, we no longer believe in art, but only in the idea of art (which in itself, of course, has nothing aesthetic about it)

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